L’assurance face à l’IA : un secteur très exposé

S’il y a bien une industrie où l’intelligence artificielle ne sera pas un simple outil d’optimisation, mais un levier de transformation totale, c’est l’assurance.
D’ailleurs, le rapport “Advancing AI across Insurance” (KPMG, 2025) révèle que 57 % des organisations d’assurance considèrent l’IA comme la technologie la plus importante pour atteindre leurs ambitions au cours des trois prochaines années.
Pourquoi ? Parce que ce métier repose sur quatre gestes fondamentaux, qui sont tous directement exposés à l’IA.
1. Service client
L’assurance repose sur une promesse : être présent quand le client en a besoin. Le service client est donc un acte de confiance autant qu’un acte opérationnel.
Dans la réalité, il recouvre un champ large :
- souscription et pré-vente (conseil, accompagnement, tarification instantanée),
- gestion de vie du contrat (avenants, attestations, renouvellements),
- prise en charge des sinistres, moment de vérité où la promesse de protection doit être honorée.
Ces interactions exigent à la fois rapidité, précision et empathie. Or, les attentes clients ont explosé : disponibilité immédiate, information en temps réel, personnalisation des échanges.
L’IA devient ici un multiplicateur de capacité :
- Chatbots enrichis pour réduire les délais de réponse et absorber les volumes.
- Assistants virtuels qui gèrent les demandes simples et escaladent les cas complexes.
- Analyse du ressenti pour identifier les situations sensibles et adapter la relation.
2. Documents contractuels
Le contrat est l’ADN du secteur. Chaque police implique une masse documentaire :
- documents réglementaires (conditions générales, IPID, notices d’information),
- pièces justificatives (relevés d’informations, permis, Kbis, pièces d’identité),
- avenants et attestations générés tout au long de la vie du contrat.
Ce corpus, hétérogène par nature, doit être capturé, vérifié, indexé et restitué sans erreur. Or, la diversité des formats et la complexité des contrôles créent un terrain propice aux lenteurs et aux erreurs manuelles.
C’est précisément là que l’IA excelle :
- Vérification des trous de couverture et des garanties en cas de sinistres : l’IA compare automatiquement garanties, plafonds et exclusions entre contrats pour identifier en un instant les zones de non-assurance qui exposent le client et le courtier.
- OCR spécialisés assurance pour transformer automatiquement des PDF en données exploitables.
- Extraction et contrôle intelligent des champs clés (dates, n° police, immatriculations).
- Vérification de conformité en temps réel, limitant erreurs et retards.
3. Big Data
L’assurance est un métier d’information et de calcul de risque. Chaque décision de tarification, chaque choix de souscription repose sur des volumes de données croissants :
- données internes (sinistralité, historique portefeuille, encaissements),
- données partenaires (scoring solvabilité, télématique, IoT, météo, santé),
- open data et données externes utilisées pour enrichir la connaissance client ou environnementale.
Le défi n’est plus la quantité, mais la structuration et l’exploitation intelligente. Données non normalisées, silos, absence d’interopérabilité freinent la valeur.
L’IA permet de franchir un cap :
- Ingestion massive de données internes, partenaires et open data.
- Détection de signaux faibles pour anticiper fraudes et risques émergents.
- Tarification dynamique et personnalisée en temps réel.
4. IT et systèmes cœur
Le cœur de l’assurance, ce sont ses systèmes d’information : back-offices de gestion, extranets distributeurs, outils comptables, bases de données réglementaires. Mais la plupart des assureurs et courtiers évoluent encore sur des systèmes hérités (legacy), conçus pour la stabilité plutôt que pour l’agilité.
Problème : l’IA, par nature, demande des flux temps réel, des APIs standardisées, et une gouvernance de la donnée irréprochable. Là où les systèmes cloisonnés freinent l’innovation, l’IA expose immédiatement leurs limites.
L’IA change la donne :
- Interopérabilité via APIs pour connecter systèmes, partenaires et agents IA. NAN, c'est pas lié à l'IA ça
- Architectures événementielles permettant traitement temps réel et historisation. Idem, c'est pas un résultat de l'IA ça c'est une condition pour que l'IA fonctionne
- Traçabilité et gouvernance des données pour garantir conformité et confiance. Idem
Attention, sur le sujet IT on est à côté là. L'IA sur l'IT c'est surtout du gain de productivité et la capacité à déployer très vite, sous réserve qu'on ait des plateformes récentes. Alors que les outils legacy vont être bloqués dans la lenteur.
Conclusion : un secteur qui doit être prêt
Parce que ses quatre gestes critiques – service client, contrats, data, IT – sont précisément ceux que l’IA transforme en profondeur, l’assurance est l’un des secteurs les plus exposés à la révolution IA.
Les acteurs qui sauront mettre en place les infrastructures, la donnée et les outils compatibles prendront une longueur d’avance. Les autres resteront bloqués au stade des expérimentations.
Chez Korint, nous portons une vision claire : aider le marché à franchir ce cap, à rendre l’IA opérationnelle et créatrice d’impact. Nous en parlerons plus en détail dans nos prochains articles et pages dédiées.